L'écosystème récifo-lagonaire du lagon de Nouméa est adapté à des conditions environnementales éloignées des influences anthropiques. Ainsi, les multiples interactions entre espèces, permettant le maintien de son incroyable biodiversité, sont particulièrement sensibles à toute perturbation telle que l'eutrophisation. La ville de Nouméa connaît un développement de son urbanisme et une croissance démographique importante qui ne s'accompagne pas toujours d'un traitement des eaux suffisant. La conséquence directe du rejet d'eau non traitée est un apport important en sels nutritifs perturbant le fonctionnement normal de l'écosystème et permettant le développement intempestif d'espèces mieux adaptées à des conditions plus riches en sels nutritifs au détriment des organismes d'origine, tels que les organismes coralligènes.
A titre d'exemple, la concentration en nitrates dans la baie de Ste Marie représente plus de 10 fois la concentration mesurée près de la passe de Dumbéa. Un tel enrichissement se traduit d'une part, par une accumulation importante de la chlorophylle, et d'autre part, par un changement significatif des espèces phytoplanctoniques présentes. Un exemple concret de ce problème s'observe actuellement dans la baie de Ste Marie, avec une prolifération de macrophytes de type Ulva lactuca, prolifération favorisée par les rejets importants en nitrates. Le même phénomène s'observe au fond de la baie de l'Anse Vata à l'embouchure d'un exutoire rejetant des eaux usées non traitées. Pour bien comprendre l'impact de ces pressions anthropiques sur l'écosystème du lagon de Nouméa, il est nécessaire de prendre en compte les interactions complexes entre les forçages physiques, les apports anthropiques et la biologie ainsi que la grande variabilité spatiale et temporelle qui les caractérise. Pour ce faire, une approche de modélisation numérique du fonctionnement de l'écosystème sera mise en place en lien direct avec des mesures de terrain complémentaires et nécessaires pour la validation du modèle.