Un total de 50 sites sélectionnés par les services provinciaux a fait l’objet d’un recensement des populations d’holothuries, trocas et bénitiers, selon la méthode des transects en bandes répétées et stratifiées géoréférencées. Plus de 6000 holothuries ont été dénombrées. 1724 holothuries présentant une valeur marchande moyenne ou élevée ont été mesurées et pesées, prélevées sur les 1475 transects du projet. L’abondance totale de chaque espèce a ensuite été estimée pour chaque site en combinant les estimations des abondances des différents habitats. Le poids moyen et les distributions de fréquences de taille des holothuries à valeur marchande moyenne à élevée, ont également été calculés. Les recensements ont permis d’estimer la densité de ces espèces dans 5 types d’habitat récifal.
Des enquêtes avec questionnaires ont permis d’interroger 26 pêcheurs opérant dans les 6 régions étudiées. Un questionnaire distinct a été mis au point pour interroger les 7 producteurs de bêche de mer. 54 opérations de débarquement, ont été suivies dans les différentes régions étudiées et ont permis la mesure et la pesée de 2433 individus. Ces données regroupées par région, ont permis de définir les tailles moyennes, les distributions de fréquence de taille des holothuries ainsi que les Prise par Unité d’Effort (PUE).
12 espèces d’holothuries à valeur moyenne à élevées sont exploitées par la filière en Grande Terre. Dans la majorité des sites, des abondances décentes d’une ou plusieurs espèces ont été observées. Une variation sensible dans la composition des communautés a été relevée entre les sites. La distribution des individus était peu homogène pour la plupart des espèces. En moyenne pour chaque site, 8 espèces distinctes d’holothuries ont pu être observées.
Les populations des quelques espèces commercialisées semblent épuisées : H. fuscogilva, H. scabra var. versicolor et A. lecanora.
Les populations de plusieurs autres espèces, bien que non épuisées sont assez clairsemées : A. miliaris, A. mauritania et H. scabra.
La plupart des autres espèces commercialisées sont assez répandues et comptent des populations de reproducteurs dans certains sites. Pour certains sites, la comparaison entre, d’une part, les fréquences de taille des holothuries capturées et débarquées et, d’autre part, celles des holothuries observées, semblent indiquer que les pêcheurs ont tendance à sélectionner les individus de plus grande taille, laissant présager une durabilité de l’exploitation, sous condition d’une pression de pêche modeste. La comparaison des PUE historiques aux estimations des PUE actuelles met en évidence un certain fléchissement de la PUE dans certaines régions.
Il conviendrait d’introduire des règlementations de gestion afin d’éviter que les populations de reproducteurs ne continuent à s’amenuiser. En effet, dans certaines zones, les pêcheurs poursuivent une pêche intensive des holothuries, alors que les tailles moyennes des individus sont en baisse et que l’abondance semble également en déclin. 13 mesures de gestion ont été proposées aux services des pêches, incluant des règlementations sur la pêche. L’interdiction de capture de certaines espèces et la restriction de la pêche de type industrielle ont été conseillés. La mise en place d’un plan de gestion visant à sauvegarder le potentiel de reproduction des espèces exploitées semble aujourd’hui incontournable. Une méthode de gestion évolutive permettrait de modifier ce plan de gestion en fonction des informations nouvelles, tant du point de vue biologique que sociologique ou économique.