Malgré une cinquantaine d’embarcations recensées ces cinq dernières années, la grande majorité de la production est pêchée par une quinzaine de pêcheurs qui ont tous été enquêtés. Les résultats de ces enquêtes, jugés réalistes, et les données des pêcheurs jugées exploitables individuellement, ont permis une spatialisation des paramètres halieutiques estimés à partir des interviews. Des hypothèses sur le fonctionnement de la pêcherie peuvent être formulées à partir du lien entre l’activité et la ressource :
- Les trois premiers mois de l’année correspondent à la saison creuse de l’exploitation. Les rendements sont faibles et les tazards généralement de petite taille, ce qui induirait un effort de pêche faible et en conséquence une production presque nulle ;
- A partir du second trimestre, l’augmentation régulière des tailles des poissons et des rendements stimuleraient l’activité. L’effort serait réparti sur des sites plus éloignés, initialement au nord puis progressivement vers le sud de l’archipel où l’augmentation des rendements semble plus marquée. Les bancs de tazards se déplaceraient en effet vers le sud au cours de l’année.
- Le dernier trimestre correspond au pic de période de reproduction de l’espèce, qui s’étendrait sur l’ensemble des îles Bélep. Cependant, les enquêtes montrent que les rendements augmentent au sud à cette période, ce qui pourrait traduire une plus grande abondance de la ressource dans cette zone, et caractériser la zone de ponte la plus importante aux îles Bélep.
Par ailleurs, les tendances mensuelles observées sur les captures de 2007 pour chacune des classes de taille entre avril et septembre semblent compatibles avec les paramètres de croissance estimés dans la population. L’augmentation importante du nombre relatif de gros individus (90-100 cm et surtout >100 cm) en octobre-novembre suggère cependant un phénomène différent, avec une migration possible d’individus extérieurs aux zones de pêche habituelles à cette période, qui correspond au pic de reproduction.
Biologie : Les tazards capturés aux îles Bélep ont entre 1 et 2 ans à la première maturité sexuelle, ce qui correspond à une longueur moyenne de 78,5cm LF pour les femelles et 76,0 cm LF pour les mâles. Ces valeurs sont proches des valeurs observées ailleurs dans le monde. Les tazards de Bélep sont caractérisés par une croissance rapide lors des deux premières années (soit avant la maturité sexuelle), les individus atteignant une taille de 70 à 85cm LF au cours de leur seconde année, puis lente par la suite. Cette croissance est faible si on la compare aux autres régions où des études ont été effectuées.
La méthode des catégories d’incrémentations marginales sur les otolithes a permis de démontrer que la zone opaque des otolithes se forme pendant la saison fraîche (juin à août) aux Bélep.
La pêche aux îles Bélep cible principalement des tazards âgés de 1 à 10 ans. En 2007, ce sont les individus âgés de trois à six ans (70 à 110 cm LF) qui ont été le plus pêchés, puis suivent ceux de sept ans et plus (80 à 130cm LF) et enfin, les jeunes individus de un à deux ans (70 à 90 cm LF).
Forme des otolithes : Les otolithes des tazards des Bélep présentent des différences importantes dans leur forme : ils sont plus ou moins allongés, présentent une ouverture de sillon plus ou moins indentée et leur contour est plus ou moins sinueux. Cette variabilité importante semble pouvoir difficilement s’expliquer par le fait que des individus provenant de l’extérieur se mêlent aux individus des îles Bélep. En effet, aucune relation entre la forme des otolithes, ou la variabilité de ces formes, et le site et/ou la date de pêche n’a pu être mise en évidence.