Au total 87 espèces ont été capturées en 2000-2001, ce qui est supérieur à la période 1987-89 (79 espèces). Le nombre moyen d'espèces par palangre n'était pas significativement différent entre les 2 périodes (3,12 en 1987-89 et 3,31 en 2000-01). Le nombre de prises par palangre était de 5,17 poissons pour 8,8 kg en 2000-01 et de 5,49 poissons et 8,4 kg en 1987-89. Le poids moyen des captures a légèrement augmenté de façon globale (1,5 kg en 1987-89 et 1,7 kg en 2000- 01). La performance par hameçon était cependant meilleure en 1987-89 qu'en 2000-01. L'ensemble de ces changements reste mineur et les prises se maintiennent pour les principales familles (Serranidae, Lethrinidae, Lutjanidae, Haemulidae et Carangidae). On note cependant une meilleure répartition des prises en 1987-89, et quelques changements dans les espèces dominantes (ex. diminution d'E. maculatus au profit d'E. cyanopodus). La répartition spatiale des prises montre qu'il n'y a pas de différence très importante de façon globale entre les 2 périodes (Fig. 10). Il est intéressant de noter que l'espèce la plus courante dans les captures à la ligne, le bec de cane (L. nebulosus) a vu ses captures augmenter de façon globale en 2000-01.
Les résultats obtenus sont donc très satisfaisants. Ils montrent en particulier qu'il n'y a pas eu de changement significatif à 10 ans d'intervalle pour les peuplements de poissons de ligne lagonaires. Il s'agit cependant d'un résultat assez inattendu, en raison de l'augmentation considérable de l'effort de pêche lors de cette période suite à l'accroissement de la population sur Nouméa et alentours. Il est probable que la création de nombreuses réserves marines durant cette période explique en partie ce maintien des captures. La mise en évidence de l'effet des réserves est difficile, mais on note cependant une augmentation significative des captures des espèces peu mobiles d'intérêt commercial à proximité des réserves, alors que les captures totales ont tendance à baisser à proximité des réserves et qu'aucun effet n'est perceptible pour les Lethrinidae et les espèces les plus mobiles (ex. Carangidae).
L'utilisation des palangres comme instrument de mesure des changements dans les stocks de poissons de ligne est envisageable, mais il reste à déterminer le nombre de poses nécessaire pour obtenir des résultats robustes et économiquement réalisables. Il serait sans doute nécessaire de sélectionner un nombre restreint de zones types et d'y définir un plan d'échantillonnage standard.