Cette seconde étude a permis d’obtenir la distribution, l’abondance et la densité des dugongs en saison chaude. La comparaison avec les résultats obtenus en 2003 a montré que la distribution des dugongs en saison chaude recoupe largement celle observée en saison fraîche. L’espèce ne présente pas de variation saisonnière à méso échelle. La zone d'occupation principale des dugongs se situe sur la côte Sud Ouest de la Grande Terre. Les lagons Nord, Sud et Sud-Est sont des zones peu fréquentées par les dugongs.
Une diminution a été mise en évidence entre l’abondance des dugongs estimée en 2003 et celle estimée en 2008, particulièrement dans la région centrale de la côte Ouest. Les méthodes et analyses effectuées ont permis de limiter les biais potentiels susceptibles d’affecter les estimations d’abondance. Cependant, les deux estimations ayant été réalisées à des saisons différentes, il demeure possible que cette diminution soit en partie le fait d’un effet saisonnier. Un nouvel échantillonnage en saison fraîche pourrait permettre de s’affranchir de ce facteur et de vérifier si cette tendance à la diminution des effectifs est bien réelle. Une augmentation de l’effort d’échantillonnage pourrait être nécessaire afin de réduire les intervalles de confiance associés aux estimations d’abondance.
Dans le cas où la diminution du nombre de dugongs est réelle, les informations disponibles ne soutiennent pas l’hypothèse d’une augmentation de la mortalité naturelle de l’espèce comme facteur explicatif. En revanche, l’existence d’une mortalité d’origine anthropique comme le braconnage ou les collisions, est avérée et continue à être documentée. Il est possible qu’à cela s’ajoute une dégradation de l’habitat mais les données disponibles à ce jour ne permettent pas d’évaluer ce facteur. Quoi qu’il en soit, tout laisse à penser que le nombre annuel de dugongs sujet à une mortalité d’origine anthropique ait été et/ou soit encore supérieur à celui supportable par la population de dugongs de Nouvelle Calédonie. Si tel est le cas, l’hypothèse d’un déclin régulier de la population depuis plusieurs années semble la plus probable.
Compte tenu de son statut d’espèce vulnérable, les résultats obtenus quant à l’évolution de l’abondance de cette population sont inquiétants. Ils soulignent l’urgence de mettre en place des études complémentaires qui permettront d’évaluer l’évolution de la population et insistent sur la nécessité de renforcer à titre préventif les mesures de conservation et de sensibilisation permettant d’assurer la survie de la population.
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