Le principal intérêt de la méthode testée est de réunir l’ensemble des critères retenus au départ : standardisation de la méthode généralisable à l’ensemble des lagons, facilité de mise en œuvre à faible coût et production d’indicateurs fiables de suivi de l’état de santé du lagon.
L’approche développée a consisté à s’appuyer sur la base de données totale où chaque individu est décrit de façon très précise afin d’en extraire la méthode la plus simple possible capable de fournir une indication fiable sur l’état trophique des deux espèces de tricots rayés présent en Nouvelle-Calédonie (Laticauda saintgironsi endémique et L. laticaudata), eux-mêmes prédateurs d’environ 50 espèces de poissons prédateurs. En pratique, il a été procédé au calcul de l’état trophique de grandes quantités d’individus par la prise en compte de la longueur corporelle (extrémité du museau – cloaque) et de la masse totale (incluant la masse corporelle et celle éventuelle des proies et des œufs). L’avantage des populations de serpents est qu’elles montrent des gammes de variations de taille et de masse considérables. Ces variations permettent justement d’extraire les relations allométriques qui lient la taille et la masse, tout simplement grâce à des régressions linéaires après transformation logarithmiques des données. Les résidus obtenus par la méthode des moindres carrés renseignent sur les valeurs individuelles par rapport à une droite de référence. L’étape suivante a consisté à examiner la distribution des données. Le graphe ci-dessous en donne une illustration.
L’axe des X représente la gamme de variation de condition trophique. Elle est centrée sur 0 puisque qu’il s’agit de valeurs résiduelles. L’axe des Y représente les fréquences relatives. En rouge la courbe obtenue en sélectionnant dans la base de données les individus décrits comme très émaciée. Cette courbe indique donc une zone rouge. En blanc la courbe moyenne obtenue pour tous les ilots, elle est en moyenne éloignée de la zone rouge, témoin d’un état trophique général satisfaisant. Les lignes hachurées donnent les valeurs d’ilots précis, depuis les plus impactés par l’homme à gauche (e.g. Larégnère) vers les moins touchés à droite (e.g. Kié)
Grâce aux suivis à long terme (2002-2010) il a été procédé au test de la stabilité temporelle des valeurs obtenues sur les différents sites. Les analyses montrent clairement que les positions relatives des ilots sont stables dans le temps, malgré des fluctuations interannuelles des valeurs absolues. La taille d’échantillon nécessaire pour obtenir des valeurs fiables a ensuite été évaluée. Il suffit pour distinguer une zone préservée d’une zone impactée de collecter à peine 50 serpents par site. En cas de valeurs incohérentes, dues à des conditions météorologiques spéciales par exemple, trois prélèvements par sites permettront de distinguer un problème d’échantillonnage d’un problème écologique. Cette technique, très simple à utiliser, permettra de suivre sur le long terme les ilots, le cas échéant de tirer la sonnette d’alarme, et donc d’entreprendre des investigations plus poussées comme celles pratiquées en routine pour nourrir la base de données principale.